Chapitre
En tant que mode de justification de la guerre, l’intervention humanitaire armée a toujours existé, et pas seulement en Occident. Sa présence est attestée en Chine il y a 4000 ans, où des princes invoquaient déjà des raisons humanitaires pour intervenir militairement chez leurs voisins. Théorisée à la fin du xixe siècle, elle se développe particulièrement dans les années 1990, en raison de plusieurs facteurs combinés : l’effondrement du bloc de l’Est, les efforts de la diplomatie française pour promouvoir le droit d’assistance, le développement de la pratique de l’action humanitaire, le rôle croissant des médias, le développement d’un discours global sur les droits de l’homme, la multiplication des instruments disponibles et enfin la mondialisation, qui réduit la distance entre la victime et l’observateur-intervenant potentiel.
Au début des années 1990, le relatif échec des interventions en Irak et en Somalie entre 1991 et 1993 conduit à une phase de repli non interventionniste, avec de lourdes conséquences au Rwanda (1994) et en Bosnie (1995). La culpabilité engendrée par ces catastrophes conduit à un retour de l’interventionnisme à la fin des années 1990 (Kosovo et Timor oriental), mais avec une prudence redoublée à cause de ce qu’on a appelé le « syndrome Mogadiscio » (après le syndrome du Viêtnam) : une aversion à l’égard des pertes telle que les médias parlent désormais de guerre « zéro mort » (un raccourci qui n’a jamais été une doctrine officielle).
L’échec de l’interventionnisme conduit donc au non-interventionnisme, et l’échec du non-interventionnisme à l’interventionnisme, et ainsi de suite…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/09/2019
- https://doi.org/10.3917/sh.testo.2014.01.0239
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