Aujourd’hui, avec la distance, peut-on désigner un responsable au déclenchement de la Première Guerre Mondiale ?
Ce n’est pas simple. Les historiens qui se sont penchés sur les archives des acteurs majeurs du conflit, que ce soit l’Allemagne, la France ou la Russie, ont eu tendance à mettre en avant les responsabilités du pays sur lequel ils travaillaient. Bernadotte Schmitt a souligné le bellicisme français, d’autres ont dénoncé l’attitude russe. L’historien Fritz Fischer a montré que la guerre – déclenchée, rappelons-le, par un attentat serbe contre la dynastie austro-hongroise – n’aurait pu avoir lieu sans les encouragements allemands, et les Allemands savaient que cela risquait de déclencher une guerre mondiale. Mais les faits historiques sont là, et je crois qu’il faut faire la différence entre risquer la guerre et vouloir la guerre. Les Allemands pensaient pouvoir limiter le conflit à l’invasion de la Serbie par les Autrichiens. Ils ne cherchaient pas la guerre généralisée. Les seconds acteurs de l’affaire, ce sont les Russes, qui ont très tôt mobilisé contre les Autrichiens au nom de la solidarité slave. Enfin, troisièmes responsables, les Français, ont fait peu d’efforts pour essayer de calmer les Russes. Seule la Grande-Bretagne a montré une volonté d’apaisement, avant d’entrer en guerre au nom des alliances passées avec la France et la Russie.Les Français n’avaient-ils pas le projet de reprendre l’Alsace et la Lorraine perdues en 1870 ?
Contrairement à ce qu’on a pu dire pendant et après la guerre, ce n’était pas une revendication très répandue dans l’opinion avant le début du conflit…