Le mode d’organisation des entreprises est un élément essentiel de la définition des différentes formes de capitalisme. En effet, chaque forme nationale de capitalisme a été identifiée à l’organisation de ses entreprises supposée homogène, voire définie par elle. C’est particulièrement vrai pour la firme japonaise qui a eu tendance à incarner à elle seule le capitalisme japonais. Or, ce n’est pas sans poser de problèmes, comme le soulignent Robert Boyer ou Sébastien Lechevalier. En effet, non seulement cette identification a constitué une simplification exagérée dans les années 1980, mais elle est, de fait, de plus en plus fausse aujourd’hui dans un contexte d’hétérogénéité croissante des entreprises japonaises. Cela doit nous conduire à repenser la définition des formes de capitalisme. Celle-ci ne peut pas reposer uniquement sur le mode d’organisation des entreprises ; elle doit également intégrer les modes de coordinations aux niveaux macro et méso et la question du compromis social (chapitres 3 et 4).
Dans le cadre de ce chapitre, on se concentre sur l’évolution du modèle de la firme japonaise. Dans un premier temps, on présente le modèle classique, celui des années 1980. Il ne s’agit pas d’un modèle « traditionnel », puisque ce mode d’organisation émerge dans l’entre-deux-guerres, se constitue pendant la guerre et sous l’occupation américaine, avant d’évoluer pendant la période de haute croissance et les chocs des années 1970 et 1980. Dans un second temps, on montre que la principale transformation entre les années 1980 et aujourd’hui n’est pas la disparition du modèle de la firme classique japonaise mais l’hétérogénéité croissante des formes d’organisation et des performances…