Mettre la France « en récit », c’est parler d’un territoire qui n’a pas toujours été le même, qui n’a pas toujours eu la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. C’est parler d’un territoire qui s’est transformé au fil des siècles, qui a changé à mesure des événements et de l’action des hommes. Cette évolution du territoire peut être examinée à travers une notion qui lui est constitutive : la frontière. L’examen du rôle historique des frontières nous permet non seulement de comprendre la construction très progressive du territoire français, mais également d’éclairer les débats et controverses qui caractérisent les frontières à l’heure actuelle, au sein d’un monde globalisé. Ce sont là les objectifs de cet article.
Lorsque l’on s’intéresse à la notion de frontière, on est automatiquement renvoyé vers une autre notion qui lui est intrinsèquement liée : celle de territoire. Les deux termes se voient constamment entremêlés, si bien que définir l’un amène à définir l’autre. En effet, tout territoire qui se forme porte en lui les germes d’une frontière et toute frontière qui se construit indique la constitution progressive d’un territoire. Là où il y a frontière, il y a territoire et inversement.
La frontière permet d’ailleurs de différencier deux notions souvent confondues et pourtant très différentes : l’espace et le territoire. Dans son acception la plus courante, l’espace s’apparente à une étendue délimitée que l’on peut cartographier, de la terre ou de l’une de ses parties (espace urbain, espace maritime, espace rural, espace régional, etc…