Chapitre
Autant le « peuple » est partout valorisé, au point que les politiques de tous bords, et même les apolitiques, s’en réclament et prétendent le représenter, sinon l’incarner, autant la « population » est objet de suspicion. Paradoxalement, alors que notre monde est gouverné par les chiffres, la question du nombre d’habitants dans un pays est volontiers passée sous silence. De toutes les sciences humaines, la démographie est sans doute celle qui est la plus malmenée. Car elle n’est pas seulement, à l’instar de l’économie ou de la sociologie, manipulée et pervertie par l’idéologie, elle est, à la différence de ces deux disciplines, l’objet d’un refoulement assez radical. Par exemple, lorsque les médias traitent de la Russie ou du Japon, ils n’évoquent pratiquement jamais leur effondrement démographique, comme s’il s’agissait d’une donnée indifférente. Au sein de l’Union européenne, où, dans la plupart des pays, les taux de natalité sont tombés à un niveau dramatiquement bas, il n’existe aucun organisme chargé de la démographie et les manuels scolaires, en France, préfèrent insister sur le fait que notre pays est « champion d’Europe » en nombre des naissances, plutôt que sur le vieillissement inéluctable et le déclin à moyen terme de sa population.
Le vieux clivage entre une droite populationniste et une gauche malthusienne n’a pas entièrement disparu de notre paysage idéologique. Traditionnellement, la droite est naturaliste, la gauche volontariste. C’est pourquoi la contraception, l’avortement…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0663
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