Chapitre
Dans les Mémoires de guerre, en manière de préambule, Charles de Gaulle s’explique sur le rapport personnel qu’il a établi avec la France : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. »
Le côté affectif remonte à l’enfance : lorsqu’il imagine la France, c’est à travers « la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs ». Une éducation familiale, une instruction scolaire sont évidemment pour beaucoup dans ce culte de la France : on évoquera son père, professeur d’histoire, catholique mais refusant l’antisémitisme des adversaires de Dreyfus, sa mère, catholique également et monarchiste par regret comme son époux ; une famille qui accepte la République, en y investissant le sens d’une continuité nationale (la France ne commence pas en 1789) et la perception presque charnelle de la « personne France ». Cette dernière formule – la France est une personne – de Gaulle la répète souvent, dans ses écrits ou dans ses entretiens avec Alain Peyrefitte. Il sait qu’elle n’est pas de lui, mais de Michelet et de Péguy.Lire Michelet, c’est comprendre l’essentiel de la vision historique de De Gaulle sur ce qui concerne la France, alors que l’inverse serait non approprié. L’historien écrivait sous le Second Empire : « L’Angleterre est un empire, l’Allemagne un pays, une race ; la France est une personne. » On comprend que ces différences permettent à Michelet de concevoir la nation française comme unité dans la synthèse (creuset des races et des invasions) : selon lui, le caractère français est de cultiver une unité personnelle au-delà des guerres, des conflits internes ou des soubresauts politiques…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0476
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