Chapitre
Défenseur de la tradition de Port-Royal et disciple des Lumières, Henri Grégoire, élu député à la Convention nationale en 1792, va profiter de sa participation quasiconstante au Comité d’instruction publique pour promouvoir et développer l’étude de l’agent culturel le plus important de tous à ses yeux, et qui va devenir l’auxiliaire le plus précieux et le plus efficace pour faire sortir des limbes l’esprit humain et le tirer des routines communes de l’ignorance ou de la barbarie inconsciente : la langue. S’il est en effet un domaine privilégié où se vit continuellement la dialectique nature-culture, c’est bien celui-là. Elle constitue, il est banal de le souligner ici, la condition transcendantale du progrès. Par ce canal, transitent les informations, les connaissances, les émotions. Chaque langue secrète une manière originale de percevoir les objets, une psychologie avec ses nuances particulières et, surtout, véhicule une culture que l’enfant, dès le premier apprentissage des mots, absorbe pour le meilleur et, parfois, pour le pire. Cette intuition première semble gouverner la pensée et l’action de notre auteur dans ce domaine.
Cette philosophie va rencontrer l’entreprise révolutionnaire désireuse de faire de la langue, au besoin à marche forcée, une réalité nationale contre les patois et leurs arrière-plans de particularisme, de féodalité voire d’arriération. Se joue donc ici, pour la langue française, un moment essentiel de son histoire et pour ainsi dire de la dramaturgie de sa conquête des esprits et du territoire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0280
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