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D’un musicologue à l’autre, quand il s’agit de traiter de la musique « contemporaine » – moderne, de notre temps, vivante –, les repères changent : compositeurs, de Schoenberg à Cage pour l’un, lieux, de Darmstadt à l’IRCAM pour l’autre, tandis qu’un troisième énumère les courants majeurs de la création. Une chose est certaine, nous partons de Darmstadt, La Mecque musicale de l’immédiat après-guerre, source pure du sérialisme institutionnel, censé renouveler le langage musical « classique », selon un projet autant géopolitique que culturel, quand il fallait composer « après Auschwitz » sans que Moscou tienne la baguette. Là s’élabora, à partir de 1946, la doxa webernienne, de sorte que partir de Darmstadt pour arriver à l’IRCAM, fondée par Pierre Boulez, et chantre (si l’on peut dire) de l’orthodoxie sérialiste la plus rigide, n’est-ce pas faire du « sur-place » ? Toujours en partant de la même ville allemande, allongeons le parcours jusqu’au festival Présences 2019, institution parisienne depuis vingt-neuf années, censée promouvoir la création actuelle : que penser du programme de clôture, qui après une œuvre du compositeur invité (Wolfgang Rihm, né en 1952), alignait une œuvre de Richard Strauss (1864-1949), une autre de Jean-Sébastien Bach (de tout temps, nul ne le contestera), à la grande joie (soulagement ?) du public, à en juger par « l’applaudimètre ». Comme si, en ce dimanche après-midi, les organisateurs, désireux de rentrer dans leurs frais – car la musique est aussi une question d’argent –, recouraient au truchement du concert « carotte-bâton », association « classique-contemporain », pour faire passer le second au moyen du premier…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0186
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