Chapitre
Le processus de décision en groupe a fait l’objet de nombreuses études de psychologie sociale depuis une cinquantaine d’années. Vous-même avez été très impliqué dans ces recherches. Pouvez-vous nous en retracer la chronologie en quelques mots ?
Au cours des années 1960, deux professeurs américains de psychologie sociale, Michael Wallack et Nathan Kogan, ont constaté que, lors d’une prise de décision, les groupes en situation expérimentale adoptent des choix plus risqués que les individus. Ils en ont conclu que le groupe favorise la dilution des responsabilités, la réduction de l’engagement des individus.
Mais Serge Moscovici pensait au contraire que dans certaines circonstances, les individus s’engagent plus et prennent plus de responsabilités au sein d’un groupe. Il a pu montrer, au cours d’expériences dans lesquelles le phénomène de prise de risque n’était pas impliqué, que la décision en groupe provoque un renforcement des options initiales, quelles qu’elles soient. Si les individus sont initialement plutôt favorables à une opinion, ils le sont encore plus après discussion. S’ils sont plutôt défavorables au départ, ils le sont encore plus après. Nous appelons ce processus polarisation.
Ensuite, durant environ cinq ans, S. Moscovici et moi-même avons réanalysé toutes les recherches antérieures et nous avons montré que l’on pouvait fort bien les interpréter selon le modèle de la polarisation plutôt que selon celui de la prise de risque. Il y a néanmoins une importante exception à cette règle…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/07/2019
- https://doi.org/10.3917/sh.dorti.2016.02.0179
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