Chapitre
Dans leurs travaux de sociologie historique et politique, Bertrand Badie et Pierre Birnbaum (1989, 1994) insistent sur la force des liens entre structures et niveau de développement de l’État avec ceux des principales organisations de la société civile. Ceci signifie qu’un État centralisé tendrait à donner naissance à des organisations sociales dotées d’une propension similaire à faire converger hommes, ressources et légitimités en un même point focal. La société civile d’un État fédéral s’organiserait, à inverse, sur un mode décentralisé. Si un tel théorème est juste, alors la configuration dans laquelle se mêlent, en Allemagne, l’État, les syndicats de salariés et les groupes de défense des intérêts patronaux doit être inscrite sur le registre du paradoxe. Tandis que les pouvoirs publics restent décentralisés, le système de relations professionnelles possède en effet les caractéristiques inverses (Katzenstein, 1987, p. 15). Pour prendre la mesure des enjeux liés à cette forme politique singulière, il convient d’opérer en guise d’introduction un rapide détour historique.
Refondée sous la double influence des Anglo-Américains et de l’ordolibéralisme économique, la RFA de 1949 veut d’abord rompre radicalement avec les pratiques de concertation centralisée inaugurées dans le climat insurrectionnel des années 1918-1919. La dérive des cartels sous Weimar et, plus encore, celle du corporatisme dictatorial de mise sous le régime hitlérien avaient gravement disqualifié toute pratique de coordination dans la sphère économique et sociale et avaient ouvert la voie au libéralisme orthodoxe…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
- https://doi.org/10.3917/scpo.gloan.2001.01.0309
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