L’intérêt dont témoigne cet ouvrage pour la question de l’engagement professionnel dans les métiers de l’éducation mérite d’emblée d’être remarqué. Il est en effet piquant de constater ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Alors que la question de la motivation au travail a fait l’objet d’une abondante littérature depuis l’après-guerre jusqu’à nos jours, elle a toujours concerné principalement le contexte de l’entreprise. Dans le champ de l’éducation et de la formation, par contre, la question de la motivation – également traitée par la recherche depuis des décennies – n’a pratiquement jamais concerné que l’apprenant, l’enseignant n’étant pris en compte que comme agent susceptible d’agir sur la motivation de l’apprenant. Et comble du paradoxe : une des théories les plus en vogue encore aujourd’hui pour rendre compte de la motivation des apprenants, à savoir le modèle dit de l’Expectancy-Value, remis à l’honneur par Eccles et Wigfield (2002), est très directement inspiré de celui proposé par Atkinson (1957) et Vroom (1964) pour rendre compte de la motivation… au travail ! La question soulevée par l’ouvrage s’inscrit donc dans un courant relativement récent de travaux se donnant pour objet le professionnel de l’éducation et de la formation et son activité de travail (professionnalisation, apprentissage en situation de travail, engagement professionnel, développement professionnel, etc.). L’enseignant, le formateur, l’éducateur commenceraient donc ainsi à être vus comme un travailleur et un apprenant, et l’établissement scolaire, le centre de formation ou la crèche non plus seulement comme un lieu pour éduquer et former élèves, étudiants, stagiaires ou poupons, mais également comme un lieu de travail, offrant, lui aussi, un environnement plus ou moins favorable à l’apprentissage, au développement et à l’engagement des professionnels qui y déploient leur activité de travail…