En ce début de millénaire, l’Amazonie rythme avec environnement et ruralité. Le décor est planté avec la profusion en terme de biomasse et de biodiversité végétale et animale, la richesse de son sol et de son sous-sol en minerais et hydrocarbures, sa fonction dans les équilibres climatiques et le cycle de l’eau, la durabilité des sociétés amérindiennes. L’envers du décor se décline en déforestation avec son rôle majeur dans le réchauffement planétaire et la destruction de la biodiversité, fronts pionniers de colonisation agricole, exploitation minière des ressources naturelles, intégration forcée des communautés amérindiennes. Cette omniprésence médiatique laisse pour compte l’aspect urbain de l’Amazonie, alors qu’il s’agit, dans le Brésil du xxi e siècle, de la région la plus urbanisée avec de l’ordre de 75-80 % de sa population vivant en ville (ibge, 2004). En outre, le taux de croissance urbaine avoisine les 5 %, soit le double des autres régions. La raison de cet oubli est liée à l’aspect relativement récent de l’Amazonie urbaine. En effet, même si à la croisée des xix e et xx e siècles, les villes de Manaus et de Belém se sont enrichies et développées grâce au commerce du caoutchouc, comme le font aujourd’hui, dans un autre contexte, les capitales des états du golfe persique avec le pétrole, l’Amazonie est restée avant tout rurale, forestière et fluviale jusqu’au début de la vague de colonisation de la seconde moitié du xx e siècle.
Renforçant son caractère rural, Droulers M…