Chapitre
Si nous avons été habitués après Élie Halévy , Raymond Aron et Hannah Arendt à lier l’antisémitisme de l’affaire Dreyfus à l’« ère des tyrannies », cette connexion est peut-être moins évidente aujourd’hui qu’elle ne leur paraissait. Ainsi la continuité qui a longtemps paru aller de soi entre l’antisémitisme du temps de l’Affaire et la politique antijuive de Vichy, considérée comme allant de soi, a été mise en question. Simon Epstein a ainsi montré que le fait d’avoir été dreyfusard n’avait nullement empêché certains partisans de l’innocence du capitaine de s’engager dans la collaboration qui supposait au minimum un degré de tolérance à l’antisémitisme actif du régime de Vichy, ou prouvait au moins la faible efficacité du vaccin. D’un autre côté, les années 1990 ont vu les dernières manifestations de l’antidreyfusisme (le doute sur l’innocence du capitaine) balayées jusque dans les milieux où cette thèse pouvait encore avoir cours, c’est-à-dire dans l’armée. Le 7 septembre 1995, le chef du service historique de l’armée, le général Jean-Louis Mourrut reconnaissait en effet solennellement devant le Consistoire central des israélites de France réuni à l’Hôtel de ville de Paris, que l’affaire Dreyfus avait été provoquée par une « conspiration militaire [qui] aboutit à une condamnation à la déportation, celle d’un innocent en partie fondée sur un document truqué ». Cette déclaration réitérée des faits venait mettre fin à une polémique ouverte, en février 1994, par la publication dans une revue hebdomadaire de l’armée…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/01/2016
- https://doi.org/10.3917/arco.ducle.2009.01.0065
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