Chapitre
Le verdict du procès de Rennes provoqua de vives réactions dans le monde anglo-américain. La reine Victoria évoqua « une sentence horrible et monstrueuse contre le pauvre martyr Dreyfus », le Times de Londres un « jugement monstrueux », le New York Times une décision qui « déshonore la France aux yeux du monde » et le signe qu’en France « il ne peut y avoir de justice véritable ». Une puissante vague d’indignation parcourut la Grande-Bretagne et les États-Unis dès la nouvelle connue. « Pauvre France, assurément ! », s’écria un journaliste britannique auteur d’un ouvrage sur Rennes, G. W. Steevens. Le Daily Mail de Londres voyait dans le procès un « Sedan moral », la Kansas City Star « une infamie », le Dallas Morning News une « disgrâce nationale », un journal du Dakota du Nord le « crime du siècle ». L’ironie et le mépris s’ajoutaient à la colère. Le procès de Rennes était « un procès au pays des merveilles » selon un éditorialiste, une « farce » pour un journal californien, un opéra-bouffe méprisable pour le Washington Post. La justice avait été assassinée à Rennes, expliqua en substance le Daily Express de San Antonio (Texas)
.
Dans les jours et les semaines qui suivirent, la mobilisation de l’opinion publique anglo-américaine ne fit que croître. Des dizaines de milliers de manifestants se rassemblèrent à Hyde Park, au grand dam de l’ambassadeur Paul Cambon , par ailleurs destinataire de centaines de lettres de protestations et d’insultes comme son frère Jules, ambassadeur à Washington…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/01/2016
- https://doi.org/10.3917/arco.ducle.2009.01.0258
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