Chapitre
Aux images médiatiques des hôpitaux saturés par les nouvelles admissions de malades touchés à chaque nouvelle vague de Covid se sont progressivement ajoutées au fil des premiers mois de la pandémie celles, non moins spectaculaires, des files de jeunes, femmes et hommes, étudiants, chômeurs ou précaires, faisant la queue devant les banques alimentaires pour pouvoir subvenir aux besoins les plus élémentaires. Cet enchaînement des événements a maintenu l’image tenace et superficielle d’une société clivée par des oppositions générationnelles, où à la fragilité médicale des plus âgés s’opposerait la précarité sociale et économique des plus jeunes. Il a aussi raffermi la représentation ambivalente d’une jeunesse, tour à tour considérée comme victime et coupable, fragile et fautive, susceptible par sa désinvolture supposée de propager le virus tout en étant elle-même fragilisée socialement et économiquement par les effets des mesures de distanciation, des confinements et couvre-feux qui se sont succédé depuis mars 2020. Enfin, le caractère spontané de la crise sanitaire et ses conséquences sur les conditions de vie des jeunes ont consolidé l’illusion du caractère éphémère et conjoncturel des inégalités entre générations et entre jeunes en effaçant des grilles d’analyse les approches plus structurelles inscrites dans le temps long des inégalités de classe, d’âge, de genre, d’origine ethno-raciale.
Cette surexposition nouvelle ne pourrait pourtant balayer d’un revers de main l’ensemble des travaux de recherche consacrés à la précarité de la jeunesse depuis les années 1990. La situation actuelle n’est en effet pas aussi nouvelle que l’actualité présente ne voudrait, avec pertes et fracas, nous le laisser penser…
Plan
Auteurs
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 03/03/2022
- https://doi.org/10.3917/scpo.amsel.2022.01.0007
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...