Chapitre
De 1802 à 1945, quelque 200 000 hommes devinrent prêtres séculiers (dont 140 000 avant 1905). Formant un ensemble relativement cohérent, majoritairement d'origine rurale, souvent paysanne, davantage présents dans les régions de chrétienté, ils représentent suivant les périodes de 2 à 8 0 des hommes de 25 à 29 ans. Leurs comportements, leurs attitudes, leurs habitudes spécifiques les distinguaient des autres hommes. Physiologiquement mâles, furent-ils pour autant socialement masculins ? Situés au centre de la société, ils peuvent éclairer la masculinité française par la distance et la proximité qu'ils représentent : ils sont une manière particulière d'être homme dans la société contemporaine. Les regards sur le prêtre montrent ainsi l'ambiguïté de la masculinité sacerdotale dont la construction diverge de celle des autres hommes, qui pensent leur masculinité à partir de l'originalité presbytérale.
La masculinité du prêtre, évidence canonique (canon 968 du Codex iuris canonici de 1917), réside dans la matérialité du corps. Le sexe est celui des organes génitaux visibles, ce que montrent les positions sur l'ordination des hermaphrodites. L'important est la « réputation » de masculinité. L'apparence génitale détermine le sexe social, exprimé également par l'aspect extérieur. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, les cheveux courts remplacent les cheveux jusqu'au col, la tonsure perdurant. Le visage est glabre. La soutane noire, portée toujours et partout, s'impose canoniquement après 1802, malgré le droit civil (article 43 des Articles organiques et arrêté du 17 nivôse an XII), qui la réservait aux cérémonies cultuelles : la pratique renverse finalement la règle (arrêt du Conseil d'État, 12 février 1851)…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2011
- https://doi.org/10.3917/autre.reven.2007.01.0191