« Parce que c’était hier, il est encore difficile de faire l’histoire des sciences de l’information et de la communication. » Mais si la discipline est jeune, son regard est neuf. À rebours des représentations et des questionnements d’autres disciplines sur le handicap renvoyant à une mobilité réduite, au monde de la prothèse et à la position frontière de ces personnes dans leur propre société, les sciences de l’information et de la communication montrent que le handicap bouscule avant tout des pratiques de communication. Or « la communication est ce qui permet, dans une perspective constructiviste, à des êtres humains radicalement différents les uns des autres de construire un monde commun, une réalité commune propre à une culture donnée ». Le handicap apporte aussi la contrainte inattendue de la prise en compte des repères d’une population minoritaire dans des dispositifs sociotechniques d’information et de communication de masse, si prégnants dans nos organisations sociales. De fait, « la culture numérique en émergence structure l’évolution de la société à tel point que la question de l’appropriation des ntic (nouvelles technologies d’information et de communication) dans une société devenant technologique dans son ensemble tend de facto à s’imposer comme une problématique centrale ». Nul doute que ces recherches sur le handicap, encore très marginales en sic mais en essor, s’appuient sur tout un corpus interdisciplinaire. Mais cette entrée communicationnelle, qui pointe le travail d’organisation des interactions, leurs négociations à travers l’appropriation de divers dispositifs sociotechniques, la diversité des clés interprétatives des personnes en situation de handicap et le « processus communicationnel spécifique de la recherche d’informatio…