Chapitre
Jean-Bertrand Pontalis écrit :
« Lorsque l’enfant paraît deux questions inéluctables : fille ou garçon ? Comment s’appelle-t-il ou comment s’appelle-t-elle ? Question double dans sa forme, mais unique dans sa visée car de la réponse donnée dépend notre identité. Qui verrait une grâce des dieux dans l’incapacité de réponse ? Aussi bien y répond-t-on généralement mais ce n’est pas trop pour nous d’une vie pour répondre en personne aux réponses déjà données. Ne nous plaignons pas que la figure d’hermaphrodite ne se perpétue que dans les contes et que son nom soit absent du calendrier. Il s’étiole dans l’imaginaire. La vie, elle, le tuerait sous le roc, l’abîme. »
S’il est vrai que les contes d’enfants sont le lieu d’incarnation possible de cette figure complexe et inquiétante, la réalité clinique ne nous épargne pas d’une telle confrontation. « Pseudo-hermaphrodites » d’abord, puis « ambigus sexuels », puis encore « intersexes » et enfin, depuis la conférence de Consensus en 2005, « sujets avec un trouble du développement du sexe », l’évolution de la terminologie ne tente pas moins de définir ces individus dont la naissance est marquée du sceau d’une impossible identification du sexe anatomique.
Comme nous le savons, la binarité (dualité) est au cœur de l’humain. Dans notre société, le petit d’homme pour advenir sujet ne peut être que garçon ou fille, homme ou femme en devenir. Tout se passe comme si « l’être » était corrélé à « être garçon ou fille ». Si depuis Freud on sait que le sexuel est au cœur de l’ensemble de nos conduites humaines et que la sexualité infantile constitue la marque de notre subjectivité, celle-ci pour advenir serait d’emblée sexuée…
Plan
Auteur
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[*]
Karinne Gueniche, psychologue clinicienne (Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris), psychanalyste, maître de conférences à l’université Paris Descartes (lpcp).
- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/02/2011
- https://doi.org/10.3917/eres.scell.2010.01.0237
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