Chapitre
Lorsqu’on parle des habitants, on les considère plutôt d’une
rue, d’un quartier, d’une commune : la base territoriale est assez
large, elle implique un espace du dehors. Lorsqu’il s’agit de l’habiter, on implique plus volontiers un registre domestique, une
intériorité, une centration sur un espace limité. Il est un type
d’habitant dont on parle beaucoup, souvent pour le charger de
bien des maux : le périurbain, en passe de détrôner le banlieusard, est devenu une figure répulsive. Dans le tableau d’une ville
à trois vitesses, la périurbanisation est la troisième vitesse problématique, à côté de la gentrification et de la relégation :
périurbains, relégués, gentrifiés, qu’ils soient acteurs ou agis,
posent problème précisément parce qu’ils seraient bien incapables de se rencontrer. Les périurbains sont souvent considérés
comme des habitants de moindre grandeur : soit par les affinités
électives qui les regroupent, soit par le repli sur la sphère privée
dont témoigne la démesure des pavillons qu’ils occupent.
Centrés sur leur parcelle, ils ne sauraient plus s’arrimer à une
entité communale ni même se référer à des espaces publics.
Nous ne sommes pas loin, parfois, d’une vision apocalyptique du
rêve suburbain telle celle proposée par M. Davis dans son histoire de Los Angeles (cf. en particulier le chapitre III, « La
révolution des nimbies ») ou plus récemment celle documentée
par S. Degoutin sous le titre Prisonniers volontaires du rêve
américain.
Notre propos est ici de développer une conception de l’habiter comme un agencement de liens aux lieux, comme une
combinaison de cultures territoriales que l’on ne saurait concevoir de manière figée ou renvoyant à des identités spatiales
stabilisées…
Plan
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/11/2010
- https://doi.org/10.3917/dec.paquo.2007.01.0267
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