Chapitre
La genèse des mots de l’habiter renvoie davantage à des relations économiques et sociales qu’au bâtir ou à la géographie. Ainsi Benveniste, lorsqu’il décrit les quatre cercles de l’appartenance sociale dans le Vocabulaire des institutions indo-européennes, montre bien que « l’étude attentive de la racine *dem — qui fournit le nom de la plus petite unité, de la maison comme entité sociale — conduit à la distinguer des racines *dem (e) “construire” et *dom (e) “dompter” auxquelles les dictionnaires l’associent d’ordinaire. Quant au changement de sens qui s’observe en plusieurs langues de “maison-famille” à “maison-édifice”, il reflète un changement social : le fractionnement de la grande famille qui, à une société structurée selon la généalogie, fait succéder peu à peu une société divisée selon la géographie ». C’est donc l’être ensemble qui a conditionné l’être-là, et non l’inverse. La maison conserve toujours en français cette dimension non spatiale comme dans les expressions « être de bonne maison » ou encore « être de la maison » pour parler d’un intime de la famille, dimension que l’on retrouve directement dans la notion de maisonnée, issue de l’ancien français mesnie. Ce dernier terme a également participé à la formation du mot ménage. À travers les usages de ce mot nous pouvons mieux percevoir la convergence entre l’habiter et l’économie domestique. En effet, « être en ménage », foyer commun à un homme et une femme, est à rapprocher de l’habitation, qui désignait le coït au XII…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/11/2010
- https://doi.org/10.3917/dec.paquo.2007.01.0141
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