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Gouverner, c’est démontrer à la fois du pouvoir (en interne) et de la puissance (vis-à-vis de l’Autre). Aux temps modernes, c’est l’État qui réunit ces privilèges, dans un monde dit « westphalien » – un monde où les États ne sont pas les seuls acteurs, mais la référence pour l’organisation et la décision politiques. À ces données – un espace, une souveraineté, une puissance – qui définissent le champ du gouvernement, la modernité démocratique joint la notion de légitimité : gouverner, c’est user de sa capacité de contrainte au service d’un intérêt collectif. Mais ces éléments, qui permettaient hier de penser la dynamique du gouvernement et celle des relations entre gouvernements, sont fortement bousculés par le monde qui s’ébauche sous nos yeux.
Les espaces politiques qui sont objets de gouvernement ont été dans l’histoire définis de manières très diverses : le monde « westphalien » est récent, qui ne fut proprement achevé que par la décolonisation. Le modèle contemporain dominant juxtapose des espaces de gouvernement géographiquement finis, mais il semble désormais écartelé entre trois directions : l’espace politique (où l’on crée du politique, à travers des institutions), l’espace technique (celui de l’efficacité économique, des échanges, des coopérations ad hoc) et l’espace global (psychologiquement créé par la mondialisation, et qui se réclame d’une transversalité générale). On pouvait hier imaginer fondre ces espaces dans une logique d’empire ou les articuler dans des relations codifiées entre États : ce n’est plus possible aujourd’hui, du fait de la multiplicité des acteurs et de la complexité des flux…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/06/2020
- https://doi.org/10.3917/ifri.demon.2012.01.0026
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