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En 2012, l’État yéménite, longtemps considéré comme « fragile » ou « inachevé », semble menacé de désintégration. Le pays est certes engagé dans une transition politique, initiée par un « printemps arabe » exemplaire qui mobilise depuis janvier 2011 une jeunesse yéménite pacifiste et déterminée. Pourtant, malgré la démission du président Ali Abdallah Saleh en février 2012, le Yémen reste captif des dynamiques internes de violence sociale et politique et des intérêts stratégiques de l’Arabie Saoudite et de ses « alliés » occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis. La révolution yéménite est passée largement inaperçue des médias qui privilégient l’analyse des violences ou du « risque terroriste ».
Le « printemps yéménite » a pris pour cible le régime politique corrompu, proaméricain et liberticide centré sur la personne d’Ali Abdallah Saleh. À la tête de la République arabe du Yémen depuis 1978 et du Yémen réunifié depuis 1990, il met en place un système de gouvernement clientéliste fondé sur la cooptation des élites sociales, tribales, religieuses et politiques dans les réseaux de l’État à différents niveaux (local, régional, national). Le « système Saleh » est un système politique « tribalo-militaire » semiautoritaire, qui permet toutefois la tenue d’élections (législatives et présidentielles), le multipartisme et l’émergence d’une opposition, le maintien de certaines libertés civiles (presse, association, manifestation) pendant les années 1990.
À partir du début des années 2000, la dérive autoritaire et monarchique commence à se faire jour : le président place à tous les postes clés du régime des membres de sa famille, dont son fils Ahmed à la tête de la Garde républicaine…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/06/2020
- https://doi.org/10.3917/ifri.demon.2012.01.0156
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