Chapitre
« There is no alternative ! » Cette formule, attribuée à Margaret Thatcher, traduit une composante centrale de l’idéologie dominante depuis les années 1980 dans les pays développés : la voie des politiques économiques néolibérales, devenue hégémonique durant cette période, relèverait de la nécessité absolue et toute autre orientation sortirait de ce qu’Alain Minc a appelé le « cercle de la raison ». Par ce procédé classique de naturalisation, la pensée dominante proscrit toute velléité de politique « alternative » et, par un effet performatif, contribue à décourager toutes celles et tous ceux qui s’aventureraient dans cette direction, en les disqualifiant a priori comme de dangereux rêveurs.
D’où vient la force de ce discours de nécessité aujourd’hui tellement diffus qu’on ne peut lui attribuer de lieu d’énonciation particulier ? Dans une perspective marxiste, on peut y voir l’expression de la montée en puissance irrépressible des forces économiques dominantes, emmenées par la finance de marché libéralisée et les grands oligopoles mondiaux des nouvelles technologies de la communication et des médias, relayées par des États capitalistes désormais largement à leur service
.
S’en tenir à cette explication socioéconomique, aussi importante soit-elle, reviendrait toutefois à sous-estimer le rôle propre de l’idéologie au cœur des sociétés humaines. Ce rôle se révèle peut-être d’autant plus prégnant dans le monde contemporain qu’il y est moins visible que dans les sociétés traditionnelles, où la légitimation de l’ordre social est avant tout dévolue à la religion, comme l’a montré, entre autres, Max Weber…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 13/12/2017
- https://doi.org/10.3917/dec.badie.2017.01.0021
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