Chapitre
Depuis la création d’Act Up en France, les « actions publiques » de l’association ont très souvent été décrites comme des passages à l’acte désordonnés répondant à un sentiment de culpabilité par la désignation de coupables, à l’angoisse de la maladie et de la mort par la violence. Plus largement, nombreux sont les témoins ou, plus encore, les cibles de ces actions qui ont souligné la très forte impression qu’elles leur ont procurée. Pour des raisons qui tiennent à la fois à l’objet de la mobilisation (une maladie présentée comme mortelle), à la formulation de la cause (la défense de personnes ou de groupes sociaux menacés de mort par inaction et mépris des autorités compétentes) et à la mise en scène des actions, le registre émotionnel est ainsi presque systématiquement mobilisé pour évoquer ces actions.
Dans la littérature scientifique sur les mouvements contre le sida, les émotions sont convoquées de deux manières, non exclusives l’une de l’autre : d’une part, comme facteur explicatif du passage à l’acte, que le regard se porte sur les opportunités politiques ou sur les motifs individuels de l’engagement, dans une logique apparentée à celle du « choc moral » ; d’autre part, comme moyen de maintenir l’engagement par l’activation d’un sentiment d’adhésion et d’effervescence, par le renforcement des identités et des solidarités de groupe et enfin par les effets socialisateurs à plus ou moins long terme qu’elles produisent. Nous laisserons de côté ici la première perspective au profit de la seconde, pour nous concentrer sur un questionnement resserré autour de la fabrique des émotions dans les actions publiques d’Act Up…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
- https://doi.org/10.3917/scpo.train.2009.01.0141
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