CAIRN.INFO : Matières à réflexion

En Europe, la pédiatrie s’est structurée à la fin du xviiie siècle à partir de la critique et du rejet des pratiques populaires des campagnes par le corps des médecins hygiénistes et par l’État. La médicalisation de la petite enfance a imposé des règles d’hygiène et de prévention qui ont été accueillies de différentes manières. Les classes sociales supérieures et moyennes, assez proches du monde médical, ont tenté d’atteindre ces nouvelles normes en vigueur, tandis que les classes populaires restaient attachées à leurs croyances et à leurs habitudes anciennes (M.-F. Morel, 1993, L. Boltanski, 1976).
Dans les pays du sud, la médicalisation de la petite enfance, à partir du xxe siècle, s’est d’abord appuyée sur le modèle pastorien mis en place par la médecine coloniale (vaccinations infantiles de masse, lutte contre les grandes maladies infectieuses et contagieuses, éradication des grandes endémies tropicales). Puis, elle a tenté progressivement de se structurer sur un modèle contractuel de prévention où la relation entre le médecin et les parents de l’enfant devait être, théoriquement, de nature essentiellement pédagogique. Il s’agissait de « responsabiliser » et de « conscientiser » les populations à leurs problèmes de santé. Ce modèle contractuel, toujours en vigueur, suppose que les familles doivent « accéder et adhérer largement aux propositions de prévention et d’amélioration de la santé émanant de la biomédecine (J.-P. Dozon, 2001, p. 41). Les critères médicaux d’un enfant en bonne santé se sont donc forgés à partir de modèles occidentaux qui considéraient les sociétés rurales du sud comme réfractaires au changement social et marquées par une absence d’hygiène…

Doris Bonnet
Doris Bonnet, directeur de recherches en anthropologie à l’ird, est rattachée à l’Unité de recherche 107 « Constructions identitaires et mondialisation » de l’ird, membre associé au Centre d’études africaines (ehess, Paris), et affectée au Centre ird d’Ile de France, 32 av. Henri-Varagnat, 93143, Bondy, Cedex.
Après avoir travaillé sur la littérature orale des Mossi du Burkina Faso, elle a consacré depuis 1977, la plupart de ses recherches à l’anthropologie de la maladie, et en particulier à celle de l’enfant. Elle travaille aussi depuis quelques années sur les évolutions des représentations de l’hérédité dans le cadre d’une maladie génétique en Afrique subsaharienne et auprès de familles migrantes originaires d’Afrique subsaharienne en Ile-de-France.
Laurence Pourchez
Laurence Pourchez, anthropologue et ethnocinéaste, est chargée de cours à l’université et dans les écoles de sages-femmes et d’infirmières à l’Ile de La Réunion. Elle est membre affilié à l’umr 5176 « techniques et cultures » mnhn (Muséum national d’histoire naturelle).
Elle consacre ses recherches depuis 1994 à la santé des enfants à l’île de La Réunion. S’intéressant également à une anthropologie de la reproduction, ses travaux s’orientent à présent vers les savoirs des femmes et les relations de genre, d’une manière comparative, dans les sociétés créoles (Réunion, Maurice, Rodrigues, Cuba).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
https://doi.org/10.3917/eres.pourc.2007.01.0301
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