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Que l’on étudie des mobilisations collectives, des politiques publiques ou des rôles institutionnels, on se confronte, à un moment ou à un autre, à la dimension langagière de ces objets d’enquête. Ainsi, de nombreuses recherches en science politique sont amenées à recourir à des méthodes d’analyse relevant des sciences du langage et de la communication : linguistique énonciative et pragmatique, statistique lexicale, sémiologie, narratologie, approche argumentative et rhétorique, etc. Réciproquement, l’approche linguistique et communicationnelle du discours croise sans cesse sur son chemin des questionnements et des outils forgés en science politique, par exemple lorsqu’il s’agit d’appréhender les conditions de production et de réception des discours analysés, a fortiori lorsque ces derniers sont qualifiés de « politiques ».
Cette qualification, cependant, ne va nullement de soi tant la frontière entre ce qui est politique et ce qui ne l’est pas constitue elle-même l’objet de négociations et d’affrontements continus dans les mobilisations collectives comme dans les sciences humaines et sociales : à la suite des féministes des années 1970 qui scandaient « le personnel est politique », les chercheuses et les chercheurs sur le genre imposèrent peu à peu en science politique des objets d’enquête considérés autrefois comme non politiques. Cette tension se retrouve à propos de la définition du « discours politique ». Dans un premier sens, relativement extensif, on peut considérer comme politique toute production verbale porteuse d’une prise de position sur la répartition des places des gouvernés dans le monde social, qu’il s’agisse de légitimer ou de contester cette répartition (Rancière, 1998)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2015
- https://doi.org/10.3917/scpo.achi.2013.01.0167
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