La politique d’aménagement du territoire (AT) est typiquement française. Sa genèse s’inscrit dans un contexte de référentiels et d’instruments centralisés de la gestion des espoirs de développement économique des régions. Le Royaume-Uni, par exemple, n’a pas connu une telle politique, en tous les cas pas sous cette forme, dans la mesure où la centralisation y était traditionnellement moins forte et la planification régionale à la fois plus axée sur l’urbain et maîtrisée par les pouvoirs locaux. Cependant, l’histoire française de la notion et des instruments d’AT est à la fois évolutive et paradoxale. Les recompositions de cette politique et de ses institutions sont très révélatrices de celles de l’État et des politiques publiques en général : d’une conception distributive de biens et de services à partir du centre à une action publique par projets de développement économique territorialisés, et aujourd’hui à un policy mix entre cette dernière approche et un retour vers une volonté de « cohésion des territoires ». On peut découper schématiquement la politique d’AT en six périodes (Girardon, 2010).
Une première période va de 1919 (première loi d’aménagement des villes) à la seconde guerre mondiale. Les instruments sont alors de deux ordres : la décentralisation industrielle (en grande partie due à la dissémination de l’industrie de l’armement sur l’ensemble du territoire national pour des raisons de sécurité nationale) et la planification urbaine des villes en reconstruction après la première guerre mondiale (objet de la loi de 1919)…