Chapitre
« État » sera ici écrit avec une majuscule, contrairement à l’usage anglo-américain, afin de le distinguer des occurrences où le mot désigne un groupe de statut, une position, une disposition, une manière d’être, une situation. Mais la majuscule est aussi une symbolisation : elle désigne le « puissant Léviathan », première métaphore fournie par la philosophie politique hobbesienne à la science politique. Ce « dieu mortel » pose à la sociologie et la philosophie politiques le même problème que « Dieu » pose à la sociologie des religions et à la théologie : au sein d’une même religion avec un même Dieu, il y a bien des religions, et pourtant l’on a besoin d’un concept de « Dieu » pour faire sens et comparer des pratiques religieuses historiques. De même, l’on a besoin d’un concept d’État (que ce concept soit analytique ou historique) pour comparer, expliquer et évaluer les pratiques étatiques regroupées sous des vocables tels que « politiques publiques » ou « action publique ».
L’ennui est que l’« État » constitue, à certains égards, un concept « essentiellement contestable », vague, ambigu et « open ended » (c’est-à-dire qu’il est impossible de parvenir à un accord sur un ensemble de conditions nécessaires et suffisantes à son application), parce qu’il ne peut exister comme concept que s’il a des usages et interprétations essentiellement disputables reflétant les valeurs fondamentales et l’image de soi des théoriciens autant que les réalités empiriques de la société où ils vivent [Vincent, 1987, p…
Plan
Auteur
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/05/2014
- https://doi.org/10.3917/scpo.bouss.2014.01.0231
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...