Le premier laïque a sans doute été Socrate, défenseur de la liberté de conscience. Puis ce sont les Lumières, venant d’Angleterre d’abord avec Newton et Locke et de France, avec Montesquieu, Voltaire, Diderot, d’Alembert, Lalande, Condorcet… qui ramenèrent au cœur de la pensée cette si éclairante liberté de conscience, source de tant de libertés individuelles et collectives. Sans que le mot laïcité soit prononcé, cette pensée est bien celle qui permet l’avènement de ce principe et d’une nouvelle société, dont l’histoire commence avec la révolution américaine et sa déclaration d’indépendance de 1787, la Révolution française de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Aujourd’hui inscrite dans la Constitution française, la laïcité n’en demeure pas moins menacée par différents courants de pensée.
La société cléricale de l’Ancien Régime est fondée sur la tradition, l’inné, un ordre qu’il faudrait accepter et préserver. L’enseignement délivré par les clercs est celui d’une vérité révélée et de la morale religieuse, sans qu’aucune autre pensée, doctrine, ou théorie sur l’homme et le monde puisse exister. La nouvelle société, issue des Lumières, au contraire, recherche le progrès, l’acquis, la liberté. Toute l’histoire de la fin du xviiie siècle jusqu’au xxie siècle, est imprégnée du combat entre ces deux conceptions de l’homme et du monde.
Les politiques et les philosophes anti-Lumières ont pris le dessus dans les années 1930 et 1940 en Italie avec la naissance du fascisme, en Allemagne avec l’avènement du nazisme, en France avec le régime de Vichy en 1940. Ces anti-Lumières ont toujours aujourd’hui leurs propres écrivains et réseaux dans le monde, dans les partis et groupes d’extrême droite, tous pétris d’antihumanisme…