La crise d’identité profonde qui accompagne l’accès à la paternité chez l’homme et qui s’étaye sur les phases précoces de la sexualité infantile et de la bisexualité psychique est à l’origine d’une vulnérabilité qui peut faire augurer d’une paternalité à risque.
Contrairement à la femme, dont les remaniements psychiques accompagnent pendant la grossesse les modifications de son corps, la voie d’appropriation de l’événement que représente pour l’homme la venue d’un enfant relève d’un processus de pensée. L’absence d’objet pendant la gestation peut revêtir un caractère désorganisateur et être à l’origine d’ un débordement psychique.
Ma pratique de psychothérapeute auprès des jeunes parents et de leur bébé a facilité l’accès aux représentations des pères et à certains aspects de leur vécu psychologique qui témoignent d’importants remaniements narcissiques et identificatoires et de la mobilisation de leurs expériences infantiles. Si certains jeunes pères présentent dans la période du post-partum des comportements régressifs, des manifestations somatiques altérant généralement les fonctions de nutrition et de sommeil, témoignant d’un repli sur le corps propre proche de ce qui s’opère à l’adolescence, ces manifestations peuvent être interprétées comme une sorte de couvade post-natale ; d’autres vont présenter des troubles psychiques plus ou moins sévères à connotation dépressive, psychopathique ou paranoïde dont l’éclosion apparaît souvent aux alentours de la naissance. Ces manifestations psychopathologiques peuvent être à l’origine de graves troubles relationnels père-mère-bébé, voire de rupture conjugale, fréquente dans cette période…