Chapitre
Quand les néo-nazis en tout genre énoncent tranquillement leurs approximations et leurs mensonges, c’est à Léon Poliakov que l’on s’adresse pour vérifier un point d’histoire, un argument « biologique » ou une citation tronquée. Ce petit homme au regard doux et malicieux, qui s’est, comme il le dit avec humour, « improvisé » historien de l’antisémitisme à la Libération, est probablement l’homme qui en sait le plus dans le monde sur les camps de concentration allemands, l’Inquisition espagnole, les pogromes sous les tsars, les massacres de juifs pendant les Croisades ou l’affaire Dreyfus. Dans ses livres, il a disséqué des milliers de textes anti-juifs, de Tacite et Sénèque à la nouvelle droite, en passant par Schopenhauer, Gobineau et Hitler, mais aussi Kant, Voltaire, Hegel, Marx... Il a une telle familiarité avec l’horreur, il en a tellement vu, entendu, appris, compris, que les événements qui nous inquiètent aujourd’hui, les mitraillades, les bombes dans les synagogues, lui paraissent presque dérisoires, en tout cas anecdotiques. Cette vision étrangement calme, presque optimiste de la France contemporaine peut surprendre. Mais elle peut nous aider aussi à trouver la bonne distance, à replacer l’actualité dans la perspective de vingt siècles d’histoire, et à distinguer le drame de la tragédie.Voici plus de trente ans que vous compulsez des archives, étudiez des récits de massacres, recensez les persécutions dont les juifs ont été les victimes depuis deux mille ans au moins. Comment peut-on avoir ce contact quotidien avec l’horreur sans en avoir la nausée …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/02/2020
- https://doi.org/10.3917/hache.muchn.1984.01.0288
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