L’étude des cultes populaires est devenue tout récemment un sujet à la mode, ce qui n’était pas le cas quand nous avons commencé notre recherche sur le terrain à propos des kalimaïs qui sont les lieux où l’on pratique le culte dit des sept sœurs à l’île Maurice. Bien plus, ce thème était loin de faire l’adhésion des quelques enseignants et chercheurs étrangers ou nationaux dont les sujets de recherches étaient très éloignés, plus volontiers centrés sur l’histoire des migrations indiennes et celle ayant trait à l’esclavage. Pour réaliser notre étude, il a fallu inventer la méthodologie pour traiter une question dont nous n’avions pas prévu, au départ tout au moins, la grande transversalité. L’inédit de cette recherche, et nous n’insisterons jamais assez sur cet aspect, est lié au fait d’avoir très tôt choisi de pousser jusqu’au bout nos analyses de manière à donner tout le sens des symboliques rituelles, des pratiques d’innovation et de leur efficacité sociale dans le contexte de la mondialisation des marchés qui s’est accélérée à partir des années 1990 à l’île Maurice.
Nos enquêtes ont commencé en 1992 et nous n’avions pas anticipé qu’il serait nécessaire de vérifier nos hypothèses de recherche par un suivi régulier et une actualisation des données chaque année jusqu’en 2009. Ainsi, les dernières photos prises sur les lieux d’enquête datent de décembre 2008. Elles montrent que les cultes kalimaïs doivent être considérés comme des matrices de référence des rapports établis par la religion hindoue avec les changements politiques et économiques…