Chapitre
Voilà que je me retrouve engagé dans une suite d’interventions qui portent sur les mêmes enjeux, et cette insistance est sans aucun doute un signe des temps difficiles que nous traversons, un symptôme actuel de la crise de la Culture qui nous affecte dans nos capacités d’invention et qui pousse nombre d’entre nous dans une posture de déploration.
Je l’ai déjà évoqué ailleurs : il est ahurissant d’entendre parler d’âge d’or de la psychiatrie, de la psychothérapie institutionnelle, ou de la psychanalyse, alors que nous savons que le mouvement dans lequel nous nous inscrivons a toujours rencontré de très vives résistances.
Récemment, pour le séminaire de la criée à Reims, je me suis replongé dans la lecture de plusieurs textes freudiens et en particulier de L’homme Moïse et le monothéisme. Sans doute cela fait-il symptôme de mon côté, car je reviens toujours de façon répétitive à ce texte écrit à un moment où Freud assistait impuissant à la fin d’un monde, de son monde, celui où la psychanalyse avait pu voir le jour au prix d’un isolement dans le monde scientifique et d’une persécution dont nous aurions vite fait d’oublier l’intensité.
Le scandale de la découverte de la sexualité infantile, du fait que « le moi n’est pas maître en sa demeure », se conjuguait en effet à un antisémitisme virulent qui faisait de la psychanalyse « une science juive » pour la discréditer.
Ce retour sur Freud et sur ce moment qui allait voir surgir une catastrophe dans la Culture n’a rien d’anecdotique…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/01/2016
- https://doi.org/10.3917/eres.deli.2014.01.0125
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