Nous rendons compte ici d’un pan de travaux de terrains menés entre 2008 et 2010 sur les circuits courts de proximité en France, et des débats entre chercheurs qu’ils ont suscités. Il s’agira de décrire un référentiel idéel mobilisé implicitement ou plus explicitement par de nombreux acteurs de terrain investis dans les circuits courts, non seulement en France mais ailleurs en Europe. Plus précisément, on rendra compte des éléments issus des enquêtes en réponse à la question suivante : Les circuits courts de proximité sont-ils alternatifs ?
Les réponses à cette question fournies par le terrain ont permis d’une part de mettre en évidence un « référentiel central des circuits courts de proximité », au statut d’idéal-type, d’autre part de soulever les formes de tension suscitées par l’émergence de ce référentiel avec le référentiel du marché, jusqu’ici dominant dans le registre économique.
On aura recours, pour éclairer ce débat, à la notion de référentiel de politique publique proposée, dans le domaine des sciences politiques, par le champ de l’analyse cognitive des politiques publiques.
Dans le cadre de la très grande variété des modes d’approche et d’intitulés des circuits courts (Maréchal, 2008), nous avons choisi d’adopter ici le terme de circuit court de proximité (CCP), qui témoigne des dimensions suivantes : un seul intermédiaire au plus entre producteur et consommateur et restriction de la distance de transport.
Après avoir indiqué la source des données, nous préciserons quels étaient les acteurs en présence lors de ces enquêtes…