Chapitre
On déplore volontiers en France l'absence de dialogue entre la philosophie analytique et la philosophie dite « continentale », – désormais assignée à résidence par celle-là, fixée à un territoire qui lui délimite un lieu afin de rabaisser sa prétention qui toujours fut d'être l'unique philosophie, de berceau grec et à vocation universelle. C'est à tort pourtant, car, de fait, en France, la philosophie analytique est travaillée et poursuivie par des auteurs dont la formation première fut classique, au point de les avoir d'abord faits ce qu'ils sont. On regarde du mauvais côté lorsqu'on attend ensuite d'un auteur non encore « converti » qu'il jette un pont entre les deux rives. D'autant plus qu'on soupçonnera toujours une volonté de ramener à lui le courant analytique et de lui refuser sa spécificité. Car si l'on tourne la tête de l'autre côté, on apercevra aussitôt que le dialogue a lieu et qu'il a toujours déjà eu lieu, par ventriloquie, à l'intérieur même de la philosophie analytique de langue française.
Il ne faut donc pas dire qu'elle nous ignore et qu'elle est passée à « l'ennemi » ; elle nous requiert au contraire et quand elle nous reproche, à bon droit, nous, de l'ignorer, admettons que ce n'est que lasse, irritée peut-être, qu'elle a fini par incriminer. Et le mépris des premiers n'est pas meilleur sentiment que l'aigreur des seconds. C'est dire l'erreur qu'il y aurait à se mettre dans la position d'un juge ; la philosophie « continentale » devait finir par se retrouver sur le banc des accusés…
Plan
Auteur
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/03/2021
- https://doi.org/10.3917/puf.alloa.2018.01.0549
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...