Chapitre
Je voudrais présenter ici très brièvement le livre de Ray Brassier, Nihil Unbound, en tentant d'expliquer pourquoi son projet, par-delà la technicité et l'acribie redoutables dont il fait preuve dans le détail de l'argumentation, m'a captivé. S'y lit en effet la réactivation d'un programme de pensée – le nihilisme – paradoxalement recouvert par ce que le xxe siècle a compris sous ce terme à la suite de Nietzsche. Nietzsche fut bien sûr un éminent penseur du nihilisme, et Brassier le traite comme tel, mais l'auteur du Zarathoustra l'a aussi, je crois, altéré par la génialité même de sa ressaisie. Il a ainsi recouvert la logique de la première émergence de ce philosophème, plus simple peut-être, mais aussi plus âpre.
Lire Nihil Unbound permet de comprendre d'emblée l'intérêt de Ray Brassier pour Sellars, puisque la première partie de son livre s'intitule : « Détruire l'image manifeste ». L'expression contient en effet une référence évidente à « la philosophie et l'image scientifique de l'homme » et une critique tout aussi nette de la thèse soutenue dans ce texte fameux. Sellars, on le sait, y expose une forme de rivalité entre deux images de l'homme dans le monde. D'une part, l'image manifeste, selon laquelle le monde est un ensemble d'objets pourvus de propriétés sensibles, dont l'homme, lui-même entendu comme personne, se distingue. Cette image n'est pas tant celle d'un sens commun naïf, préthéorique, que la résultante d'une tradition philosophique ayant considérablement raffiné une même trame originaire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/03/2021
- https://doi.org/10.3917/puf.alloa.2018.01.0329
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