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La ruée vers le réel, telle pourrait être l'image résumant l'activité de la philosophie de ces trente dernières années. Et de fait, qu'il faille être réaliste, et non plus relativiste comme dans les années 1960, ne semble plus faire de doute pour nombre de philosophes aujourd'hui. C'est ainsi que chacun des penseurs contemporains s'attache, à l'intérieur de ce grand genre commun qu'est devenu le réalisme, à décliner une différence spécifique, qui particularisera son type de réalisme : ordinaire (Putnam, Cavell, Hacker, Diamond, Bouveresse), contextualiste pragmatique (Travis, Benoist), phénoménologique (Romano), spéculatif (Harman, Brassier, Meillassoux, Grant), scientifique (Tiercelin), ou tout simplement « nouveau » (Ferraris, Gabriel). Face à ce phénomène de masse, deux réactions sont possibles. Soit l'on prétend, à l'instar de quelques interventions récentes, que nous avons affaire ici à une volée d'étourneaux qui, pour la majorité d'entre eux, revendiquent à tort le terme de « réalisme ». Soit, à l'inverse, et c'est ce que j'ai tenté de faire en tant qu'analyste de la philosophie, dont le but est de comprendre les actes que font les philosophes pour nous dire ce qui est, vaut ou fait sens, l'on pose que nous sommes en présence de ce que D. Henrich nomme une « constellation conceptuelle », c'est-à-dire un moment intellectuel, en lequel différents auteurs adoptent des principes structurels identiques, des gestes cognitifs analogues qui se cristallisent, à un instant T, autour d'une catégorie centrale, qui pour notre début d…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/03/2021
- https://doi.org/10.3917/puf.alloa.2018.01.0025
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