Chapitre
Ce qui caractérise en premier lieu le réalisme est une thèse ontologique : les choses et le monde existent indépendamment de nous et de notre pensée. Bien sûr, certaines formes de dépendance à l'égard de la pensée, comme celle des produits de la culture humaine, ne constituent que des contre-exemples triviaux à cette thèse d'indépendance : ils naissent de l'esprit humain, mais n'en possèdent pas moins, une fois engendrés, une forme d'indépendance à l'égard de notre esprit. Cette thèse d'indépendance ontologique s'assortit le plus souvent d'une thèse épistémologique : cette réalité qui existe indépendamment de nous, nous pouvons la connaître. Toutefois, cette seconde affirmation paraît relativement extrinsèque à la formulation d'un réalisme : après tout, il est parfaitement possible d'admettre que des pans entiers de la réalité échappent à notre connaissance (par exemple, la matière noire dont la théorie astrophysique est obligée de postuler l'existence pour expliquer la masse des galaxies mais qui reste, en dépit de nombreux efforts, indétectable) et de rester néanmoins réaliste. Il semble cependant difficile d'être réaliste et de soutenir que la réalité indépendante de nous échappe totalement à notre connaissance, car on retombe alors dans la supposition d'une « chose en soi » inconnaissable, c'est-à-dire dans une version de l'idéalisme. C'est pourquoi, même si nous ne connaissons pas tout de cette réalité indépendante, il semble qu'au moins un certain degré de connaissance de cette réalité soit impliqué par la thèse réaliste…
Plan
Auteur
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/03/2021
- https://doi.org/10.3917/puf.alloa.2018.01.0117
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...