Chapitre
Lorsque Hassan voit le jour à Sidi Bernoussi, ce quartier du Casablanca d’aujourd’hui est encore séparé de la ville par huit kilomètres de littoral non urbanisé. Dans les années 1960, c’est depuis longtemps déjà un lieu d’accueil pour les migrants de l’intérieur. Les premiers s’y retrouvent bien avant la fin du Protectorat français, poussés par la misère des campagnes et attirés par l’activité industrielle florissante. Ils s’y agglomèrent par vagues successives autour des sociétés qui pourvoient à leur emploi et se répandent en bidonvilles le long de la route de Rabat.
Ses parents sont du voyage. À leur arrivée dans la grande banlieue de Casablanca, ils ne sont pas encore mariés. Ils ont à peine 18 ans. Comme les autres, c’est la fin des campagnes qui les conduit tout droit à la ville. Et puis la Seconde Guerre mondiale n’est pas loin non plus. En emportant le grand-père maternel dans son fracas, elle leur ôte définitivement tout espoir d’y fonder un avenir. D’autant qu’au retour des combats, ce dernier découvre que ses terres sont entre-temps passées aux mains du caïd qui dirige le village. Quelque quarante années plus tard aucun recours n’a encore eu raison de l’injustice. Mais pour l’heure, les secousses de l’histoire se nouent en un drame familial qui pousse les deux jeunes gens jusqu’aux franges urbaines de Casablanca.
La ville représente alors pour eux un moyen plus sûr de subvenir à leur existence. Tandis qu’à la campagne le travail se fait rare, la ville industrieuse recrute à tour de bras…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 25/08/2020
- https://doi.org/10.3917/kart.peral.2011.01.0279
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