Les fonctions « patrimoniales » des bibliothèques ont été parmi les secteurs les plus touchés par l’évolution de la grande décennie qui va de l’ouverture du rez-de-jardin de la BnF (totalement dévolu à la conservation et à la consultation de la collection patrimoniale nationale issue du dépôt légal) à la réorganisation des tutelles des bibliothèques. Divers éléments ont joué un rôle majeur dans cette évolution et le patrimoine s’est trouvé au cœur de problématiques importantes, situation que n’avaient pas connue les « fonds anciens, rares et précieux » des bibliothèques depuis bien longtemps. Ils ont été très vite concernés par l’émergence de collections numériques proposées par des institutions ou des collectivités. En effet, le patrimoine a fourni une matière de choix aux bibliothèques numériques dès leur lancement : manuscrits enluminés, incunables ou documents iconographiques anciens ont trouvé très vite leur place sur les sites des institutions qui les conservent. Ils présentent le triple avantage d’être spectaculaires, de disposer souvent de métadonnées réalisées par les prédécesseurs des bibliothécaires actuels et de ne pas être entravés par des restrictions d’usage liées au droit d’auteur.
Cette irruption des documents patrimoniaux sur la scène numérique a trouvé un écho supplémentaire avec le débat, très largement relayé dans la presse et dans l’opinion, sur l’éventuelle hégémonie de Google dans le traitement, la conservation et la valorisation de notre mémoire nationale et européenn…