Chapitre
Peut-on considérer le clivage, mécanisme de défense intérieure nécessaire au déni, comme une organisation défensive essentielle du processus d’adolescence ? La clinique nous pousserait volontiers à répondre affirmativement à cette proposition. L’expression chez un même adolescent d’attitudes de haine d’un côté et d’amour de l’autre à l’égard d’un même objet et en particulier de l’objet parental, nous pousserait volontiers vers cette réponse. Encore faudrait-il savoir alors s’il s’agit d’une véritable stratégie défensive associant déni de la réalité et clivage en réponse à la toute-puissance et à la tyrannie du désir, ou d’un destin plus global de l’ambivalence humaine.
Pour aller plus avant sur cette question, il convient donc de différencier au moins deux types de clivage fréquemment rencontrés à l’adolescence :
celui qui repose sur une méconnaissance de l’état opposé (la haine exclurait l’amour et inversement). Ceci différencie bien le clivage de l’ambivalence, elle aussi si souvent rencontrée à l’adolescence ;
celui reposant sur une méconnaissance de la réalité extérieure au profit de l’expansion toute puissante du désir. Une forte tendance au déni de la réalité extérieure, au nom de l’idéalité ou de la tyrannie du désir, permettant la croyance illusoire de se maintenir en parallèle à celle-ci, nous vient volontiers à l’esprit devant de nombreuses situations cliniques que nous rencontrons à l’adolescence.
Dans le premier cas, il s’agit de deux évidences subjectives contraires qui n’altèrent en rien l’évidence externe…
Auteur
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[*]
Alain Braconnier, psychiatre, psychanalyste.
- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/11/2012
- https://doi.org/10.3917/eres.golse.2008.02.0169
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