Chapitre
Nous savons depuis S. Freud que la psychanalyse est un processus de création, ne serait-ce que par l’invention produite par les deux acteurs principaux de ce dispositif, afin qu’il se passe enfin quelque chose, propice à dénouer le trouble du patient. Elle ouvre celui-ci à sa propre créativité en permettant qu’un espace partagé donne accès à des représentations inconscientes.
L’invention et l’acceptation d’une mise en danger des thérapeutes, en résonance avec le Réel danger de ceux qu’ils accueillent, constituent un travail de création. Ils ont en commun de permettre qu’une destructivité ait lieu comme préalable et primordial à la condition d’un sujet trouvé ou retrouvé. Ils en inventent l’espace de soin, dans une capacité à souffrir l’autre.
Il leur a fallu, pour cela, « se tenir ouvert » comme l’exprime Henri Maldiney. Il s’agit alors de ne pas combler le vide nécessaire pour s’ouvrir à soi et à l’autre… Vide chinois, Néant heideggérien, Autre primordial de la psychanalyse, c’est accepter que l’autre nous renvoie à l’impossibilité de combler la question du « sens du sens ». Ne pas fermer la question que peut nous renvoyer un être en souffrance, là encore bien formulée par Maldiney dans Art et existence : « Pourquoi y a-t-il du sens et non pas absence de sens et de non-sens ? » C’est-à-dire accepter cette ligne de fuite angoissante dans notre position de thérapeute, de ne rien pouvoir dire de l’Autre primordial.
Se tenir ouvert en acceptant ce vide permet de donner consistance à l’être en prenant place, « simplement », de ce vide, qui n’est, bien sûr, pas une absence, comme le montre l’engagement de ces thérapeutes…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/eres.cheml.2006.01.0077
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