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Le discours naturaliste moderne se constitue en Occident à partir du XVIIe siècle. S’inscrivant dans le contexte de la « révolution scientifique », les naturalistes font peu à peu table rase des autorités antiques, prônent une science faite d’observations, de méthode et de rigueur, une recherche active de la vérité, ne retenant que les connaissances vérifiées. Là, ainsi qu’en d’autres disciplines, s’impose une conception de la science comme savoir pur, incarnée dans l’évolution du terme zoologia. Forgé au XVIIe siècle et d’abord compris comme l’étude des bêtes dont on tire des remèdes, il signifie la connaissance des animaux à partir des années 1770 (Bodson, 1998). Le but prioritaire est de définir et d’inventorier les espèces. La tâche fut longtemps difficile en raison de la croyance en la génération spontanée et en l’hybridation des espèces. Mais à la fin du XVIIe siècle, John Ray donne la définition moderne de l’espèce (ensemble d’individus engendrant, par la reproduction, d’autres individus semblables à eux-mêmes) en se débarrassant de tout cela. Avec lui, la nature devient un monde nouveau, où les espèces sont des groupes délimités, fixes, prêts à être étudiés (D’Hondt, 2007).
Cela permet une multiplication des travaux sur la faune, et une réflexion incessante sur la différence ou la proximité, donc sur la frontière, entre les hommes et les animaux. Or, les naturalistes dérangent peu à peu les fondements de la frontière initiée par les philosophes grecs et renforcée par les théologiens chrétiens (Baratay, 1998)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 13/05/2015
- https://doi.org/10.3917/droz.dubie.2012.01.0049
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