Chapitre
Au moment où Act Up est créée en France, la question des liens entre l’homosexualité et le sida (re)commence à faire débat pour au moins trois sortes de raisons. Tout d’abord, parce qu’aucune association de lutte contre le sida ne porte encore la revendication homosexuelle ; or un nombre croissant d’homosexuels confrontés à l’épidémie ne se satisfont plus de cette orientation généraliste, éprouvant la nécessité de relier la lutte contre la maladie à une mobilisation homosexuelle. Ensuite, et c’est lié, parce qu’aucune action de prévention n’a encore été entreprise par les pouvoirs publics (et très peu par les associations) en direction des homosexuels [Broqua, 2003a], contrairement à ce qui s’est fait dans beaucoup d’autres pays occidentaux où les homosexuels sont pourtant moins touchés qu’en France. Enfin, parce qu’il est déjà question à cette époque de limites atteintes dans l’évolution des comportements préventifs chez les gays ; en effet, les débats qui deviendront récurrents sur le retour du risque chez les homosexuels font leurs premières apparitions dès la fin des années 1980.
Il ne fait pas de doute que l’apparition d’Act Up allait aider à l’émergence d’un débat public sur ces questions, et qu’en retour, l’idéologie de l’association s’en trouverait marquée. Il faut en effet considérer que les positions qu’elle adopte sur l’homosexualité se construisent relationnellement.
Au cours de l’été 1989 paraît dans l’ancêtre du Journal du sida un article intitulé « Homosexualité et sida : le désir d’appropriation », où s’expriment certaines réserves à l’égard du combat des homosexuels contre le sida qui, si elles ne visent pas explicitement Act Up, concernent l’association en premier lieu …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
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