Chapitre
Mon intervention portera sur le cas évoqué par Alain Braconnier et sur les souvenirs-écrans que la patiente lui a racontés : à l’âge de deux ans, pendant son hospitalisation, elle est dans une chambre d’hôpital et dans un lit à barreaux. Elle dit à Alain Braconnier qu’elle n’éprouve rien, pas de chagrin ; rien ne se passe. Permettez-moi d’évoquer ici un mur lisse, un double mur, le mur de la chambre, le mur du lit à barreaux, car un enfant de deux ans se lève volontiers dans son lit, s’agite, veut grimper par-dessus le lit, veut descendre. L’enfant aurait eu des affects atones. Elle a vécu cette situation, se la rappelle avec précision, mais n’a rien fait. Dans la prison acceptée de cette chambre, il n’y avait pour elle aucun plan. Maintenant, chez elle devenue adolescente, la réalité de son corps offre aussi un aspect de prison, et elle nous propose un aspect désaffectivé d’elle-même, plutôt qu’une réelle dépression.
Je proposerai ce matin que, chez l’être humain, deux maniements sont possibles pour la réalité qui est objet de projection, comme elle l’a été à l’origine de la vie, puisque la réalité externe n’est faite que de ce que l’enfant ne veut pas garder en lui. Celui qui fait ce type d’identification projective peut vouloir détruire l’objet de la réalité externe et le fuir. La patiente d’Alain Braconnier a adopté la solution de la fuite. Pour ne pas élaborer son mécanisme de projection et la possibilité de réintrojection, ce sujet fuit encore l’objet de projection, pour se montrer à la limite inférieure du processus d’identification projective…
Plan
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
- https://doi.org/10.3917/greu.gutto.1999.01.0047
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